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Quatre ans se sont écoulés depuis le tragique événement qui a coûté la vie à plusieurs policiers haïtiens dans le quartier de Village de Dieu, le 12 mars 2021. Ces hommes, engagés dans une mission de protection et de service envers la population, ont payé de leur vie leur dévouement à la nation. Aujourd’hui, le Conseil présidentiel haïtien a publié une note pour honorer leur mémoire, rappelant leur courage et leur sacrifice.

Cependant, derrière les mots solennels se cache une réalité amère : l’insécurité grandissante et l’incapacité des autorités à protéger les citoyens.

Dans sa déclaration, la présidence de la République a salué la bravoure des policiers tombés au combat, qualifiant leur sacrifice de “poignant rappel des défis auxquels fait face notre nation”. Le texte réaffirme également l’engagement de l’État à renforcer les capacités opérationnelles de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Pourtant, sur le terrain, cet engagement est bien loin des préoccupations quotidiennes des Haïtiens, qui continuent de subir les violences des gangs armés.

Depuis hier après-midi, 11 mars 2025, les quartiers de Carrefour-Feuilles, Place Jérémie, l’avenue Christophe, l’avenue N et leurs environs sont le théâtre d’attaques répétées de bandits armés. Les habitants de ces zones, déjà vulnérables, dénoncent l’absence criante d’un plan de sécurité efficace. Delmas 30 et Delmas 19 ne sont pas épargnés, subissant eux aussi des assauts constants de la part des gangs.

Malgré l’utilisation récente de drones explosifs par la PNH, une innovation qui avait suscité un semblant d’espoir parmi la population, la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer. Les gangs étendent leur emprise, et les forces de l’ordre semblent dépassées. Les quartiers de Fort-National, Poste-Marchand, Nazon et l’avenue John Brown réclament désespérément une protection accrue de la part de l’État, de la PNH et des Forces Armées d’Haïti (FAD’H).

Quatre ans après la mort des policiers à Village de Dieu, force est de constater que rien n’a changé. Bien au contraire, la situation sécuritaire s’est aggravée, plongeant la population dans un état de vulnérabilité extrême. Les Haïtiens, livrés à eux-mêmes, sont quotidiennement confrontés à la violence, aux enlèvements et aux pillages. L’État, quant à lui, semble incapable de répondre à cette crise ou manque tout simplement de volonté pour le faire.

Les promesses de renforcement des capacités de la PNH, bien que répétées, restent lettre morte. Les forces de l’ordre, mal équipées et souvent démoralisées, peinent à faire face à des gangs mieux armés et mieux organisés. Pendant ce temps, les dirigeants politiques semblent détachés de la réalité vécue par les citoyens, préférant les discours creux aux actions concrètes.

Si la commémoration des policiers tombés à Village de Dieu est nécessaire et légitime, elle ne peut masquer l’échec des autorités à garantir la sécurité des Haïtiens. Honorer la mémoire de ces héros, c’est aussi reconnaître les failles d’un système qui les a envoyés au front sans les moyens nécessaires pour accomplir leur mission. C’est pointer du doigt l’insouciance et l’incompétence de ceux qui sont censés protéger la population.

En ce jour de commémoration, les Haïtiens attendent plus que des mots. Ils réclament des actions concrètes, une véritable stratégie de sécurité et une volonté politique à la hauteur des défis. Quatre ans après, il est temps que les sacrifices des policiers ne soient pas vains. Il est temps que l’État assume ses responsabilités et protège enfin ses citoyens.

Jean Wesley Pierre

Catégories : Opinion

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