Lawouze Info

IMG-20250330-WA04611.jpg

Fritz Alphonse Jean, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), est rentré en Haïti ce jeudi 27 mars après une tournée officielle en Jamaïque, où il a rencontré le secrétaire d’État américain Marco Rubio et plusieurs dirigeants caribéens. À l’aéroport Toussaint Louverture, il a fait le bilan de ces échanges, évoquant une “réévaluation” de la lutte contre les crimes transnationaux par les partenaires internationaux. Mais dans un pays où les gangs étendent leur emprise, où la police est laminée et où les véhicules blindés partent en fumée, ces déclarations sonnent comme une sinistre farce.

Devant la presse, Fritz Alphonse Jean a dépeint des discussions “constructives” sur les trafics d’armes, de drogues et même d’organes qui minent Haïti, soulignant la “nécessité de s’attaquer en amont aux réseaux criminels”. Une formule creuse, tant les gangs, bien plus équipés et organisés que les forces de l’ordre, contrôlent désormais 80 % de Port-au-Prince et une partie de l’Artibonite.

Le communiqué du Département d’État américain, pourtant sobre, en dit long sur l’impuissance affichée : Marco Rubio a “salué la bravoure” de la police haïtienne et de la Mission multinationale (MMAS), tout en appelant à une “meilleure coordination” du gouvernement. Traduction : Washington constate l’échec cuisant de ses protégés.

Pendant ce temps, une information passe inaperçue : le ministre des Affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste s’est vu interdire de participer aux discussions avec Rubio. Officiellement, il n’est pas *persona non grata*. Mais son exclusion révèle les luttes intestines au sein du CPT, plus préoccupé par ses querelles que par la guerre contre les gangs.

Les faits, eux, sont têtus : en un mois, *7 véhicules blindés ont été incendiés* par les gangs. La police, sous-équipée, sous-entraînée et en sous-effectif, est à bout de souffle. La MMAS, censée “soutenir” les forces locales, assiste, impuissante, à la chute méthodique du territoire entre les mains des bandes armées.

Pendant que Fritz Alphonse Jean parle de “réévaluation” dans les salons climatisés de Kingston, les Haïtiens meurent. Les dirigeants haïtiens n’ont *ni volonté politique, ni stratégie crédible* affirme un ancien militaire haïtien. Les partenaires internationaux, eux, se contentent de déclarations lénifiantes, comme si Haïti était un laboratoire d’expérimentation géopolitique où l’on peut se permettre des années d’échecs.

Le retour de Fritz Alphonse Jean ne changera rien. Les prochains jours ? Ils ne feront que confirmer ce que tout le monde sait déjà : en l’absence d’une action radicale – désarmement des gangs, purge de l’État, refondation des institutions –, Haïti continuera de sombrer.

En attendant, le CPT et ses soutiens internationaux jouent les prolongations d’une pièce de théâtre macabre, où les mots servent à masquer l’inaction. Les Haïtiens, eux, paient le prix du sang.

Jean Wesley Pierre

Catégories : Atualités

0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *