Port-au-Prince, 3 avril 2025 – La colère et l’exaspération ont une nouvelle fois poussé les habitants de la zone métropolitaine et ses environs à investir les rues ce mercredi 2 avril 2025, dans le cadre d’une journée de mobilisation baptisée “Mercredi Noir”. Cette marche, organisée pour dénoncer l’insécurité grandissante et l’incapacité des autorités à protéger la population, s’inscrit dans un mouvement de protestation récurrent face à la terreur imposée par les gangs armés.
Dès les premières heures de la matinée, des centaines de citoyens ont foulé le macadam, brandissant des pancartes et scandant des slogans exigeant une réponse “ferme et immédiate” de l’État. *”Nou pap tann pou gang fini ak nou !”* (“Nous n’allons pas attendre que les gangs nous exterminent !”), pouvait-on lire sur une banderole.
Les quartiers de Canapé-Vert, Turgeau, Nazon, LaRue, Boisverna, Delmas 19, Delmas 30, Pétion-Ville, jusqu’à Kenscoff, sont particulièrement touchés par cette vague de violence. Barricades, enlèvements, pillages et tirs sporadiques paralysent le quotidien des habitants, tandis que la Police Nationale d’Haïti (PNH) semble impuissante à rétablir l’ordre.
Les manifestants accusent les autorités de *”laxisme”* et de *”complicité”*, pointant du doigt l’absence de stratégie cohérente pour démanteler les réseaux criminels. “On ne peut plus sortir de chez-soi sans craindre pour sa vie. Où est l’État ? Où sont les forces de l’ordre ?”, s’indigne Marie-Jeanne Louis, une commerçante de Delmas 32.
Malgré les promesses répétées du gouvernement et les opérations ponctuelles de la Police nationale haïtienne(PNH), les gangs étendent leur emprise, contrôlant désormais des axes stratégiques et imposant leur loi. Les récentes attaques contre des commissariats et les assassinats ciblés ont encore fragilisé la confiance envers les institutions.
Face à cette crise multiforme, les protestataires réclament : Le renforcement immédiat des opérations anti-gangs, avec un appui logistique et technique international si nécessaire. La démission ou le remaniement des responsables sécuritaires jugés inefficaces. Une meilleure protection des civils et la reprise des zones occupées par les bandits.
Certains leaders sociaux vont plus loin, appelant à une “mobilisation générale” jusqu’à l’obtention de résultats tangibles.
Alors que la pression monte, les “Mercredis Noirs” pourraient se multiplier si aucune action concrète n’est engagée. Dans un climat de défiance généralisée, la population haïtienne, lasse des discours et des promesses non tenues, semble déterminée à “reprendre son destin en main”, quitte à recourir à des actions plus radicales.
Pour l’heure, le gouvernement n’a pas encore réagi officiellement à cette nouvelle mobilisation. Mais une chose est sûre : le temps des demi-mesures est révolu.
Jean Wesley Pierre
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