Par Jean Wesley Pierre
Alors que le pays s’enlise dans une spirale de violence endémique, le porte-parole de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti (MSSM), Jack Mbaka, a lancé un cri d’alarme lors du journal de 13h sur Radio Galaxie, ce mercredi 30 avril 2025. Il exige que les pays contributeurs fournissent urgemment des armes, des munitions et autres matériels adéquats pour permettre aux contingents présents sur le sol haïtien de débloquer les routes nationales et affronter les gangs armés qui tiennent le pays en otage.
Dans cette déclaration, Mbaka dresse un constat dramatique : sans la présence de la MSSM, Port-au-Prince serait aujourd’hui totalement livré aux groupes criminels. Une affirmation qui, si elle met en évidence la gravité de la situation, révèle surtout une vérité plus glaçante encore : l’effondrement total de l’État haïtien et l’irresponsabilité chronique de ses dirigeants face à la crise sécuritaire.
Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment, dans un pays aux traditions de lutte, les autorités ont-elles pu permettre à des bandes armées de prendre le contrôle de quartiers entiers, de barrer les routes nationales, de paralyser l’économie, de violer, de tuer, et de forcer à l’exil des centaines de milliers de citoyens ? La réponse est accablante : par un abandon volontaire, par une complicité tacite, par une classe politique plus préoccupée par ses privilèges que par la survie de son peuple.
Depuis des années, les gouvernements successifs jouent la montre, promettent des plans de sécurité creux, dialoguent avec l’impensable, et refusent d’assumer leurs responsabilités. La répression contre les civils est prompte, mais face aux gangs, l’État se fait muet, inactif, ou même infiltré. L’incapacité ou le refus de désarmer ces groupes criminels démontre une faillite politique et morale totale.
En appelant à davantage d’armes, le représentant de la MSSM souligne un autre problème majeur : la dépendance systémique d’Haïti à l’intervention étrangère. Si les forces de soutien peuvent être une béquille temporaire, elles ne sauraient remplacer un État légitime, fonctionnel et souverain. Pire encore, elles risquent de reproduire les erreurs du passé, en renforçant des dynamiques de tutelle et de dépossession.
Et pourtant, au même moment, les États-Unis dans une décision historique sous l’administration Trump, ont reconnu officiellement les gangs haïtiens de “VIV ANSANM” et de “GRAN GRIF” comme des organisations terroristes. Cette reconnaissance ouvre la voie à des poursuites plus musclées, à des sanctions, et à une coopération sécuritaire accrue. Mais elle ne remplace pas l’action locale, elle ne remplace pas le courage politique, elle ne remplace pas une volonté haïtienne réelle de rétablir l’autorité publique.
Ce sont les plus pauvres, les plus vulnérables, qui paient chaque jour le prix de cette impunité généralisée. Déplacés internes, enfants sans école, femmes violées, marchés brûlés, hôpitaux fermés… Haïti s’effondre, lentement, sous les yeux d’une élite politique sourde et complice. Pendant que la capitale brûle, les dirigeants regardent ailleurs.
Il ne suffit pas de quémander des armes à l’international. Il faut reconstruire une force publique digne de ce nom, rétablir la justice, combattre la corruption, rompre avec les pactes mafieux, et, surtout, replacer le peuple haïtien au centre de toute action politique.
La sécurité ne viendra pas de l’extérieur : elle naîtra d’une volonté!
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