Par Jean Wesley Pierre
2 mai 2025 — Londres
Le prince Harry, fils cadet du roi Charles III, a essuyé un nouveau revers judiciaire vendredi. La Haute Cour britannique a rejeté son recours contre la décision du gouvernement de réduire sa protection policière lors de ses séjours au Royaume-Uni. Cette décision fait suite à sa rupture avec la famille royale et son exil volontaire aux États-Unis avec son épouse Meghan Markle.
C’est la deuxième fois que le duc de Sussex est débouté dans cette affaire. Déjà en 2023, un premier jugement avait estimé que le traitement différencié qui lui était réservé, bien que controversé, n’était pas illégal. Pour Harry, la question dépasse le cadre strictement juridique : il s’agit d’un enjeu de sécurité personnelle et familiale, mais aussi d’un symbole de reconnaissance – ou de rejet – de son statut au sein de l’institution monarchique.
Un sujet hautement sensible
Le prince Harry n’a jamais caché que la question de la sécurité était centrale pour lui. Il tient les médias et les paparazzis pour responsables de la mort tragique de sa mère, la princesse Diana, en 1997, à Paris. La répétition des traques médiatiques autour de son couple a contribué à sa décision de quitter ses fonctions royales en 2020.
« Il ne s’agit pas d’un caprice princier, mais d’un réel traumatisme familial et historique », explique Clara Andrews, militante pour la réforme de la presse britannique. « Refuser à Harry une protection adéquate alors que les menaces sont documentées, c’est nier les leçons du passé. »
Pour de nombreux observateurs, cette décision judiciaire pose une question plus large : comment l’État britannique traite-t-il ceux qui s’écartent de la ligne royale ? Selon Jonathan Miles, expert en droit constitutionnel à l’Université de Cambridge, « la monarchie fonctionne comme une institution autant symbolique que politique. En rétrogradant la sécurité de Harry, le gouvernement ne se contente pas d’économiser des fonds publics ; il envoie un message clair sur qui est “dedans” et qui ne l’est plus. »
Harry a pourtant proposé de financer lui-même sa sécurité, une offre refusée par le ministère de l’Intérieur. Ce rejet alimente les soupçons d’une décision plus politique que rationnelle.
Ce nouvel épisode judiciaire est un révélateur des tensions persistantes entre modernité et tradition au sein de la monarchie britannique. Pour une partie de l’opinion publique, le prince Harry reste un symbole d’émancipation face à une institution perçue comme rigide et opaque. Pour d’autres, il a rompu un pacte de loyauté.
« En s’exilant, Harry a voulu protéger les siens. En l’isolant juridiquement, on cherche à le punir pour avoir voulu être libre », conclut Clara Andrews.
Si Harry perd sur le terrain judiciaire, il continue de gagner en capital d’empathie auprès de ceux qui voient en lui un homme en lutte contre une forme d’injustice institutionnelle.
Crédit Photo : AFP
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