Par Jean Wesley Pierre
Port-au-Prince, 29 avril 2025
Alors que les balles sifflent et que le sang coule à Savien, Christ-Roi, et Carrefour Peigne, la population haïtienne vit l’enfer en silence. Un silence partagé de celui des dirigeants politiques, muets ou impuissants face à un chaos qui ne fait qu’empirer. Dans la soirée de lundi 28 avril au 29 avril 205 encore, de violents affrontements ont secoué les zones proches de Christ-Roi dès 00h30. Et ce matin, la peur colle encore à la peau des habitants, retranchés chez eux ou contraints à fuir, abandonnés à eux-mêmes.
La situation sécuritaire est dramatique : 4 morts dont un enfant de 11 ans à Savien, une douzaine de maisons réduites en cendres, des blessés par balles, des enlèvements et des exécutions sauvages attribuées au gang “Gran Grif”. Ce même gang sème la terreur dans l’Artibonite depuis des mois, sans réponse sérieuse de l’État. La population, prise entre la violence des groupes armés et les abus de certaines brigades autoproclamées comme à “Karade”, est soumise à une double peine : le crime organisé d’un côté, l’arbitraire sécuritaire de l’autre.
Et pendant ce temps ? Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) tient des réunions “stratégiques”. Le Conseiller-Président Leslie Voltaire rencontre pour la deuxième fois en 48 heures le Directeur Général a.i de la PNH, Rameau Normil. Des échanges, des promesses, des images de façade… mais sur le terrain, aucune amélioration tangible. Le peuple n’en peut plus d’attendre.
Pire encore, certaines voix du passé ressurgissent avec des propositions qui frisent l’irresponsabilité. L’ancien député Déus Deronneth appelle à une “Négosyasyon Kat sou Tab” avec les gangs armés, comme si la République devait désormais composer avec ses bourreaux, les ériger en interlocuteurs légitimes.
Dans ce désastre humanitaire et politique, l’État semble absent. La voix des dirigeants se fait timide, presque complice, tant leur silence ou leur discours creux donnent l’impression d’une résignation ou d’un pacte tacite avec les forces du mal qui ravagent le pays.
Et pourtant, au milieu des ténèbres, quelques lueurs subsistent : des citoyens qui manifestent à Belle-Anse pour saluer l’ouverture d’un Tribunal de Première Instance, des migrants qui, malgré la misère, choisissent de rentrer au pays, porteurs d’un espoir fragile. Mais pour combien de temps encore ce peuple pourra-t-il survivre entre les balles et l’indifférence ?
Haïti suffoque. Et pendant qu’elle meurt à petit feu, ses dirigeants détournent le regard. L’Histoire les jugera.
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