Port-au-Prince, 2 avril 2025 – Une foule immense vêtue de noir pour la plupart a envahi les rues de Port-au-Prince ce mercredi matin, 2 avril 2025, dans un mouvement de protestation contre l’incapacité des autorités à endiguer la violence des gangs armés. Venant de plusieurs quartiers, dont Canapé-Vert, Turgeau, Carrefour-Feuilles, Delmas, les anciens résidents de Solino, les manifestants dénoncent l’expansion territoriale des groupes criminels, qui étendent désormais leur emprise vers de nouvelles zones.
Dès 10h50, des motards accompagnés de rara (groupes musicaux traditionnels) ont défilé à Pétionville, descendant la rue Faubert, tandis que des barricades bloquaient plusieurs artères. Les écoles sont restées fermées dans de nombreux quartiers, témoignant de la tension ambiante.
À Saut d’Eau, la situation est catastrophique : 70 % de la commune est sous contrôle gangster, selon la magistrate Marie Andrée Ruth Thélus. Les trois principales voies d’accès sont impraticables en raison de l’insécurité, malgré les alertes répétées lancées aux autorités.
L’Association des Industries d’Haïti (ADIH) a fustigé l’inaction des dirigeants, refusant de participer à des « événements futiles » tant que la sécurité ne sera pas rétablie. Le parti politique Les Engagés pour le Développement (EDE) a, quant à lui, annoncé une mobilisation accrue pour exiger la démission du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’il juge incapable d’organiser des élections dans un climat apaisé.
La Mission Multinationale de Sécurité Soutien en Haïti (MMSS) traverse une crise : 20 véhicules blindés sont immobilisés après qu’un projectile a perforé l’un d’eux, blessant un policier kényan. Une délégation doit se rendre à Washington pour dénoncer la qualité défectueuse des équipements. Deux autres policiers de la mission ont été évacués vers la République dominicaine après des affrontements meurtriers.
*Martissant, symbole d’un État dépassé*
Le quartier de Martissant, perdu depuis juin 2021, reste un symbole de l’effondrement de l’autorité de l’État. Son abandon a encouragé les gangs à étendre leur domination, plongeant Port-au-Prince et ses environs dans un chaos sans précédent.
Dans un autre développement choquant, Loubeau Myciana, épouse du chef de gang « Obama » selon plusieurs médias locale, arrêtée le 13 mars dernier, a été libérée lors de l’attaque de la prison de Mirebalais. Elle a été accueillie en héroïne dans son fief de Pierre 6 (Cité Soleil – Pyè sis), où des célébrations ont éclaté, illustrant l’impunité dont jouissent les chefs criminels.
Alors que la population exige des solutions immédiates, les autorités continuent de promettre une « transition prolongée », suscitant colère et désillusion. Sans action concrète, Haïti semble sombrer un peu plus chaque jour dans l’anarchie.
Jean Wesley Pierre
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