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Par : Jean Wesley Pierre

Il y a 231 ans, aux Gonaïves, la terre tremblait sous les pas des insurgés noirs menés par un homme dont le nom allait entrer dans l’histoire universelle : Toussaint Louverture. Ce 29 avril 1794, dans le tumulte de la Révolution haïtienne, une bataille décisive se jouait entre les forces républicaines françaises et les Espagnols. Une bataille trop souvent oubliée.

C’est une date que peu d’Haïtiens commémorent, un épisode souvent noyé dans le flot de récits sur la grande guerre de l’indépendance. Pourtant, la bataille des Gonaïves, menée par Toussaint Louverture contre les forces espagnoles, fut l’un des premiers grands actes stratégiques de celui qu’on surnommera plus tard le “précurseur de l’indépendance”.

Nous sommes en pleine Révolution haïtienne. Depuis 1791, les esclaves se soulèvent dans la colonie française de Saint-Domingue. En février 1794, la Convention nationale en France vote l’abolition de l’esclavage, un tournant majeur. En avril, Toussaint Louverture décide de rejoindre les républicains français, rompant son alliance avec les Espagnols qui, jusque-là, avaient soutenu les esclaves révoltés contre la France esclavagiste.

Ce retournement politique et militaire bouleverse l’équilibre des forces. Quelques jours plus tard, Louverture attaque la ville des Gonaïves, tenue par les Espagnols.

La bataille est rapide, mais déterminante. En reprenant cette cité portuaire, Louverture ne se contente pas d’infliger une défaite militaire à l’Espagne. Il envoie un message fort : il combat désormais sous le drapeau de la République, celle qui proclame la liberté. La victoire des Gonaïves affaiblit le front espagnol dans le nord de la colonie et permet à Louverture d’affirmer son autorité militaire.

Elle marque aussi le début d’une reconquête des grandes places fortes du pays par les anciens esclaves devenus soldats de la liberté.

Si le nom de Vertières brille comme un symbole de victoire et d’indépendance, celui des Gonaïves, en 1794, reste enfoui dans l’oubli. Pourquoi cette amnésie collective ? Peut-être parce que cette bataille ne s’inscrit pas dans la lutte directe contre la France coloniale, mais dans une phase plus complexe d’alliances mouvantes.

Pourtant, ce moment mérite reconnaissance. Car c’est bien là que s’est cristallisée la stratégie de Toussaint Louverture : jouer des puissances impériales pour bâtir une force noire autonome, disciplinée, déterminée. La liberté ne se décrétait pas à Paris : elle se gagnait, sabre au poing, sur la terre d’Haïti.

Aujourd’hui, 29 avril 2025, gardons en mémoire, la bataille des Gonaïves comme un jalon dans la marche douloureuse mais irrésistible vers l’indépendance. Portons la mémoire de ces combats méconnus. Car chaque victoire contre l’oppression, chaque acte de courage dans les ténèbres de l’histoire, mérite d’être inscrit dans notre patrimoine commun.

Pour la Mémoire et Résistance.

Catégories : Politique

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