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Par Jean Wesley Pierre

En Haïti, les masques tombent les uns après les autres. Ce qui, hier encore, semblait inimaginable devient aujourd’hui réalité : des figures bien connues de la scène politique, autrefois protégées par leur statut de parlementaires, se retrouvent dans le viseur de la justice nationale comme internationale.

Le cas le plus frappant est celui d’Arnel Bélizaire, ancien député et militant autoproclamé contre l’oppression, désormais accusé de meurtres, d’intimidation armée et de liens étroits avec les gangs qui terrorisent la population. Arrêté à Jacmel le 30 avril 2025 par l’UDMO Sud-Est, accompagné d’un juge de paix, Bélizaire est soupçonné d’avoir assassiné une marchande et d’avoir menacé les habitants avec une arme à feu. Une chute brutale pour celui qui prétendait incarner la voix du peuple.

Mais Bélizaire n’est pas un cas isolé. Le gouvernement canadien a récemment imposé des sanctions sévères contre plusieurs personnalités haïtiennes, dont Charles “Kiko” Saint-Rémy, beau-frère de l’ancien président Michel Martelly et Sherif Abdallah, tous deux accusés d’entretenir des liens avec les réseaux criminels armés qui gangrènent le pays. Ces sanctions interdisent aux intéressés l’entrée sur le territoire canadien et ordonnent la saisie de tous leurs avoirs au Canada.

Le Canada ne fait pas cavalier seul. La République dominicaine a elle aussi dressé une liste noire de personnalités haïtiennes indésirables sur son sol. On y retrouve les noms d’Espérance Pierre, Salim Succar, Reynold Deeb, Nénel Cassy, Berto Dorcé, Antonio Cheramy (Don Kato), Steve Khawly, Frantz Cole, et bien d’autres encore. Un signal fort adressé à une classe politique accusée depuis trop longtemps de collusion avec les groupes armés et d’avoir nourri l’insécurité dans le pays.

Ce qui saute aux yeux, c’est le silence pesant de l’État haïtien. Tandis que les pays étrangers agissent, les autorités locales, elles, tergiversent, hésitent, ou pire, protègent encore certains individus dont les crimes sont de notoriété publique.

Depuis des années, des parlementaires utilisent leur immunité comme un bouclier pour échapper à la justice, tout en servant d’intermédiaires et de financiers pour les gangs armés qui occupent, pillent et assassinent.

Ce coup de filet tardif mais salutaire montre qu’il est encore possible de rompre avec la culture de l’impunité qui étouffe Haïti. Mais pour cela, il faudra bien plus que quelques arrestations symboliques ou des sanctions venues de l’étranger. Il faudra que la justice haïtienne, aujourd’hui paralysée, reprenne ses droits. Que les politiciens corrompus, même les plus puissants, soient jugés. Et que le peuple haïtien puisse enfin croire en un avenir débarrassé de ceux qui ont trahi sa confiance pour s’enrichir sur sa misère.

Catégories : Atualités

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