Par : Jean Wesley Pierre
Jeudi 1er mai 2025, la France s’est à nouveau embrasée sous le signe de la contestation sociale. Plus de 300.000 manifestants ont battu le pavé selon la CGT, dont 100.000 à Paris, dans un climat marqué par la défense du pouvoir d’achat, la dénonciation de la précarité et la critique persistante des réformes sociales du gouvernement. En face, le ministère de l’Intérieur avance un chiffre bien inférieur : 157.000 manifestants sur l’ensemble du territoire, dont 32.000 dans la capitale.
La traditionnelle guerre des chiffres, symptôme d’un fossé croissant entre l’État et les forces syndicales, ne masque pas la réalité d’un 1er Mai particulièrement mobilisateur. Cette année, la journée internationale des travailleurs a pris une résonance particulière, dans un pays où les tensions sociales restent vives depuis les réformes des retraites et l’inflation persistante qui étrangle les classes populaires.
Fait notable : les cortèges ont vu défiler côte à côte des représentants de la CGT, de la CFDT, de FO, mais aussi de nombreux collectifs citoyens, enseignants, soignants, jeunes précaires, et même des retraités. Le mot d’ordre ? Un refus collectif de l’appauvrissement généralisé et une exigence de politiques sociales ambitieuses. Les pancartes brandies dénonçaient pêle-mêle les salaires gelés, les services publics dégradés, la vie chère, et l’inaction climatique.
À Paris, le cortège parti de la place de la République s’est étendu sur plusieurs kilomètres. Scandant slogans et chansons militantes, les manifestants ont transformé les rues en agora populaire. Quelques tensions ont éclaté en fin de parcours, boulevard Voltaire, où les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser de petits groupes de black blocs infiltrés. Mais l’essentiel du défilé s’est déroulé dans le calme, avec une détermination sans faille.
Qu’on retienne les chiffres des syndicats ou ceux de la police, le message reste limpide : la contestation sociale ne s’essouffle pas. Elle se structure, s’amplifie, et résiste. Le gouvernement, qui tente de reprendre la main sur une opinion publique échaudée, ferait une grave erreur en réduisant cette journée à un « baroud d’honneur syndical ».
Les manifestations du 1er Mai 2025 sonnent comme un rappel démocratique : la rue n’a pas dit son dernier mot. Dans un contexte de crispation institutionnelle et de montée des inégalités, le dialogue social apparaît plus que jamais indispensable. Encore faut-il que le pouvoir l’entende.
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