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La justice haïtienne a rouvert, ce lundi 2 juin 2025, l’enquête sur le dossier sensible du container d’armes découvert en juillet 2022, lié à l’Église épiscopale d’Haïti. La Cour d’appel de Port-au-Prince a annulé l’ordonnance rendue en septembre 2023 par le juge Marthel Jean-Claude, qui avait blanchi les principaux accusés, dont deux prêtres.

La Cour a également décidé de relancer l’instruction, confiant le dossier à un nouveau magistrat. Elle a justifié cette décision en évoquant de graves lacunes dans le travail du premier juge, notamment des failles dans l’analyse du dossier et l’absence d’éléments jugés essentiels à la manifestation de la vérité.

Le juge Noé Masillon Pierre a ainsi été désigné pour reprendre l’instruction. En attendant les conclusions de cette nouvelle phase d’enquête, les deux prêtres ainsi que les autres personnes mises en cause resteront en détention. Ce revirement spectaculaire remet en lumière une affaire aux forts enjeux politiques et moraux, mêlant trafic d’armes, usage abusif de privilèges religieux, et zones d’ombre dans la gouvernance institutionnelle haïtienne.

Pour rappel, l’affaire remonte au 14 juillet 2022, lorsqu’une opération conjointe du Bureau de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants (BLTS) et des services douaniers conduit à la saisie d’un container arrivé en Haïti sous la franchise de l’Église épiscopale. Bien qu’annoncé comme contenant des dons humanitaires, le container, entreposé dans les installations de Caribbean Port Services (CPS), renfermait en réalité un important arsenal : 18 fusils d’assaut, un fusil de calibre 12, quatre pistolets de calibre 9 mm, près de 15 000 cartouches, plus d’une centaine de chargeurs, un viseur, ainsi que 50 000 dollars en fausse monnaie.

L’enquête s’oriente rapidement vers l’Église épiscopale. Le 17 août 2022, le père Frantz Cole, alors secrétaire exécutif diocésain, est arrêté à l’issue de son audition. Le 10 mai 2023, le révérend Fritz Désiré est, à son tour, placé en garde à vue. Tous deux, ainsi que le père Jean Mardoché Vil, sont entendus par le juge instructeur Marthel Jean-Claude.

Le 29 septembre 2023, contre toute attente, le juge conclut à l’insuffisance de preuves. Il blanchit les trois religieux, estimant que le lien entre les armes saisies et la direction de l’Église n’était pas établi. Toutefois, l’ordonnance met en cause un réseau criminel présumé, accusé d’avoir détourné la franchise ecclésiastique à des fins de trafic, sans impliquer directement la hiérarchie religieuse.

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Catégories : Atualités

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