Selon l’économiste Enomy Germain, le gouvernement haïtien a alloué jusqu’à 11 millions de dollars à la compagnie aérienne Sunrise Airways pour relancer les vols domestiques. Présentée comme une réponse urgente au besoin de désenclavement territorial, cette initiative est vivement critiquée par Germain, qui y voit un exemple de la « capture de l’État » par des intérêts privés.
L’accord, signé officiellement le 5 juin en présence de hauts responsables, prévoit la reprise des vols vers Cap-Haïtien, Jacmel et Jérémie à partir du 12 juin. Tandis que les autorités y voient un levier de relance économique, Germain y décèle une mainmise croissante du secteur privé sur les décisions publiques.
Dans un contexte de crise sécuritaire et économique aiguë, l’économiste dénonce le fait que la compagnie aérienne Sunrise Airways détienne déjà un quasi-monopole sur les liaisons internes. Il critique le fait qu’une telle subvention, accordée sans appel d’offres ni conditions de performance, renforce une position dominante au détriment de la concurrence. Selon lui, il s’agit d’un soutien stratégique à une entreprise influente, sans garantie de bénéfice pour la population.
Le gouvernement justifie l’accord par la nécessité de rétablir la mobilité nationale, alors que l’insécurité paralyse de nombreuses routes. Toutefois, pour Germain, cette approche ne s’attaque pas aux causes profondes du problème, telles que la dégradation des infrastructures, la violence généralisée et les déséquilibres régionaux. Il considère la mesure comme essentiellement symptomatique.
Enfin, l’économiste met en garde contre le risque d’aléa moral : en période de crise, une entreprise subventionnée pourrait privilégier ses intérêts à court terme plutôt que d’améliorer ses services. Il évoque une relation de dépendance malsaine entre l’État et certains acteurs économiques, susceptible de nuire à l’intérêt collectif.
Lawouze Info
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