Si le sommet de Tianjin a été présenté par Pékin comme un « moment historique » d’unité et de coopération, il a également suscité de vives réactions à l’étranger, notamment en Occident.
États-Unis : « un bloc autoritaire »
À Washington, plusieurs responsables ont dénoncé la montée en puissance d’un « axe autoritaire » regroupant Moscou, Pékin et Téhéran.
Le Département d’État a rappelé que « le monde n’a pas besoin d’un ordre multipolaire dominé par des régimes autoritaires mais d’un ordre fondé sur les règles et les droits fondamentaux ».
Derrière ces mots, la crainte américaine est claire : voir émerger une coalition capable de contourner le dollar, d’affaiblir les sanctions occidentales et de renforcer les régimes en rupture avec l’Occident.
Europe : prudence et préoccupations
À Bruxelles, l’Union européenne a adopté un ton plus mesuré, tout en soulignant son inquiétude.
Un diplomate européen a estimé que « l’OCS devient une plateforme géopolitique où s’exprime une vision concurrente de la sécurité mondiale, ce qui ne peut être ignoré ».
L’UE, déjà fragilisée par la guerre en Ukraine et ses dépendances énergétiques, redoute que ce bloc consolide une alliance durable entre la Russie et la Chine, marginalisant davantage l’Europe.
Monde arabe et Afrique : intérêt croissant
Du côté de l’Afrique et du Moyen-Orient, les réactions sont plus favorables :
Plusieurs capitales arabes ont salué « l’ouverture d’un espace de dialogue non occidental » et l’opportunité d’obtenir des financements et partenariats alternatifs.
En Afrique, des pays comme l’Éthiopie et le Nigeria, déjà partenaires de l’OCS, voient dans cette dynamique une chance d’échapper aux conditionnalités imposées par le FMI ou la Banque mondiale.
Inde : l’équilibrisme stratégique
La présence remarquée de Narendra Modi a ravivé les interrogations. L’Inde reste liée à Washington par des coopérations économiques et militaires, mais son Premier ministre a choisi de réapparaître au sein de l’OCS après sept ans d’absence.
Pour New Delhi, l’enjeu est double : profiter du dynamisme économique chinois tout en évitant d’être reléguée par la Russie dans son voisinage immédiat.
Cette posture ambiguë illustre la stratégie indienne de « non-alignement pragmatique » dans un contexte de rivalité mondiale.
Un monde de blocs ?
Les observateurs internationaux s’accordent : le sommet de Tianjin confirme l’émergence d’un monde fragmenté en blocs.
D’un côté, les États-Unis et leurs alliés, cherchant à maintenir un ordre fondé sur les institutions héritées de 1945.
De l’autre, la Chine et ses partenaires, qui proposent une architecture nouvelle, mais centrée sur des régimes souvent autoritaires et peu transparents.
L’analyste français Pierre Haski résume ainsi : « Pékin n’offre pas seulement une alternative économique, elle propose un récit : celui d’un monde délivré de l’hégémonie occidentale. Mais derrière le discours d’égalité, le véritable rapport de force reste celui d’une Chine hégémonique. »
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