...

Lawouze Info

IMG_8149.jpg

Port-au-Prince, 7 septembre 2025 – Dans un message publié sur son compte officiel X, anciennement Twitter, Laurent Saint-Cyr, président du Conseil présidentiel de transition en Haïti, a adressé ses félicitations au président du Guyana, Irfaan Ali, réélu démocratiquement à la tête de son pays. Il a réaffirmé la volonté d’Haïti de renforcer ses liens d’amitié et de coopération avec la République coopérative du Guyana, notamment au sein de la CARICOM.

Un message diplomatique banal en apparence, mais qui soulève une profonde contradiction et révèle l’hypocrisie du pouvoir en place à Port-au-Prince.

Un président sans élection qui félicite un président élu

Alors que le président Ali a accédé à son second mandat à travers les urnes, Laurent Saint-Cyr, lui, dirige Haïti sans aucun mandat électif. Placé à la tête d’un conseil présidentiel de transition issu de tractations politiques et diplomatiques, il n’a jamais reçu le suffrage du peuple haïtien. Pourtant, il se permet d’évoquer « la confiance en son leadership » et d’inviter à bâtir « une Caraïbe plus forte, plus sûre et plus prospère », alors même qu’il est incapable de garantir un minimum de stabilité ni d’organiser des élections dans son propre pays.

Dix années de vide électoral

Depuis plusieurs années, tous les postes électifs en Haïti de la présidence au parlement, en passant par les collectivités locales sont restés vides. Aucun scrutin n’a été organisé, laissant la population privée de son droit élémentaire de choisir ses dirigeants. Cette absence chronique d’élections est devenue le symbole d’une classe dirigeante qui profite du chaos institutionnel pour prolonger indéfiniment son contrôle du pouvoir, sans légitimité populaire.

Une élite de transition qui capitalise sur la crise

Au lieu de poser les bases d’une véritable transition démocratique, les membres du conseil présidentiel et leurs alliés semblent s’installer dans une logique de rente politique. Loin de garantir une sortie de crise, ils surfent sur le vide institutionnel pour consolider leur influence, négocier des avantages et protéger leurs intérêts.

Cette gestion opportuniste contribue à enfoncer encore davantage le pays dans une crise politique et sécuritaire sans issue.

L’arrogance de l’incompétence

Le contraste est saisissant : Haïti, incapable depuis des années de tenir un seul scrutin, ose féliciter un pays voisin pour la réussite de son processus démocratique. Ce geste, censé refléter une courtoisie diplomatique, apparaît au contraire comme l’expression d’une arrogance teintée de cynisme. Comment parler d’« engagement pour une Caraïbe plus forte » quand on n’est même pas capable d’assurer un minimum de souveraineté démocratique dans son propre État ?

Le peuple haïtien, grand absent

Au fond, ce discours n’est qu’un rappel cruel : dans les grands salons diplomatiques, les dirigeants haïtiens continuent de soigner leur image internationale, tandis qu’à l’intérieur, le peuple reste exclu de toute décision, prisonnier d’un système politique sans urnes, sans choix, sans voix.

La transition, censée ouvrir la voie à des élections, s’enlise dans l’indécision et l’inaction, tandis que les gangs imposent leur loi et que les institutions s’effondrent.


0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Seraphinite AcceleratorOptimized by Seraphinite Accelerator
Turns on site high speed to be attractive for people and search engines.