Par la rédaction de Lawouze Infos
Le 15 octobre 2022, la scène de l’Accor Arena à Paris s’est figée dans un silence que seul le chagrin pouvait remplir. Michael Benjamin, connu de tous sous le nom de Mikaben, venait de s’effondrer en plein concert, sous les yeux d’un public bouleversé. Trois ans plus tard, en ce 15 octobre 2025, Haïti se souvient. Le monde de la musique aussi. Parce qu’un artiste comme lui ne disparaît jamais vraiment : il laisse une empreinte, une vibration, une lumière.
Une enfance bercée par la musique
Né en 1981 à Port-au-Prince, Mikaben baignait dès son plus jeune âge dans un univers de mélodies et d’émotions. Fils du chanteur Lionel Benjamin, l’un des symboles de la chanson haïtienne il hérite non seulement du talent, mais aussi du sens profond de la culture et de la responsabilité artistique. À 15 ans, il compose ses premières chansons. À 16, il quitte Haïti pour le Canada, emportant dans ses bagages le rêve de chanter son pays, de faire résonner sa langue et son âme au-delà des frontières.
De Vwayaj à la maturité artistique
En 2000, il sort son premier album Vwayaj, un titre prémonitoire. Mikaben entame alors un véritable voyage musical, qui le mènera des scènes haïtiennes aux grandes salles internationales. En 2004, son second album MIKA confirme la naissance d’un artiste accompli, capable d’allier modernité et héritage culturel. Avec le groupe Krezi Mizik, puis en collaboration avec Carimi, il enflamme les pistes de danse tout en imposant sa signature : une voix limpide, des textes sincères, et un sens aigu de la mélodie.
L’artiste aux mille langues et aux mille visages
Créole, français, anglais, espagnol : Mikaben parlait à tous, et surtout à chacun. Son art transcendait les barrières linguistiques et musicales. Kompa, reggae, rap, dancehall… il naviguait avec aisance entre les styles, fidèle à une seule mission : faire vivre Haïti dans la musique. Des titres comme Ti Pam Nan, Ou Pati, Fanm Sa Move ou Ayiti Se témoignent d’une créativité foisonnante, d’un amour profond pour son peuple et d’une lucidité rare sur la réalité haïtienne.
L’héritage d’un rêveur debout
Signé chez Warner Music France en 2016, Mikaben semblait à l’aube d’une reconnaissance mondiale. Mais plus que la gloire, c’est le partage qui le motivait. En studio comme sur scène, il inspirait les jeunes musiciens, conseillait, collaborait, ouvrait des portes. Son regard bienveillant et son rire contagieux étaient le reflet d’un homme en harmonie avec son art.
Aujourd’hui, trois ans après sa disparition, sa musique continue de vivre : dans les playlists, dans les rues, dans les cœurs. De Port-au-Prince à Montréal, de Paris à Miami, les hommages se multiplient. Des concerts commémoratifs, des documentaires et des projets éducatifs rappellent la portée de son œuvre.
Une étoile qui ne s’éteint pas
Mikaben n’était pas qu’un chanteur. Il était une passerelle entre les générations, une voix qui disait l’amour, la douleur, la dignité et l’espoir. Sa mort, sur scène, fut tragique. Mais elle symbolise aussi la vie qu’il a choisie : celle d’un artiste entièrement dévoué à sa musique, à son public, à Haïti.
Trois ans après, les notes de Ayiti Se résonnent comme un serment. Celui de ne jamais oublier.
Parce que Mikaben n’a pas seulement chanté pour nous : il a chanté de nous, avec nous, en nous.
Et tant qu’un Haïtien fredonnera ses paroles, tant qu’un jeune artiste reprendra sa guitare en pensant à lui, Mikaben sera là vivant, lumineux, éternel.
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