Par la rédaction de Lawouze Infos
Port-au-Prince, mardi 13 novembre 2025 — L’ancien sénateur du Nord et leader du parti politique Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, accompagné de la militante Betty Lamy, s’est présenté ce mardi 11 novembre 2025 au cabinet d’instruction de Port-au-Prince pour déposer une plainte officielle contre l’avocat Me Caleb Jean-Baptiste. Selon les déclarations des plaignants, l’homme de loi aurait tenu des propos diffamatoires, les accusant d’être impliqués dans des activités illégales, notamment le trafic d’organes et le prétendu « biznis zangi ».
Une démarche pour “laver leur honneur”
Devant les locaux du tribunal, Moïse Jean-Charles a déclaré vouloir faire respecter la justice et la vérité, affirmant que ces accusations constituent des mensonges graves visant à ternir son image et à porter atteinte à sa réputation politique.
« Nous ne pouvons pas laisser passer de tels propos sans réaction. C’est une question d’honneur, de dignité et de respect pour la vérité », a-t-il affirmé, entouré de plusieurs partisans venus lui témoigner leur soutien.
De son côté, Betty Lamy a également dénoncé une « tentative de déstabilisation morale », appelant les autorités judiciaires à faire la lumière sur cette affaire.
Le cadre légal : la diffamation en droit haïtien
En Haïti, la diffamation constitue un délit pénal régi par le Code pénal haïtien, qui sanctionne toute imputation publique d’un fait portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’autrui, lorsque celle-ci est faite de mauvaise foi.
Lorsqu’elle est commise par voie médiatique que ce soit à la radio, à la télévision ou sur les réseaux sociaux, elle devient diffamation publique, passible de peines d’amende et d’emprisonnement.
Les plaignants devront toutefois prouver le caractère mensonger et diffamatoire des propos tenus par l’avocat, tandis que ce dernier pourrait, de son côté, invoquer la bonne foi ou la véracité des faits allégués pour sa défense.
Une affaire suivie de près
Le dossier est actuellement entre les mains du magistrat instructeur Benjamin Félismé, chargé de recueillir les éléments de preuve et d’entendre les parties concernées.
Selon une source judiciaire, le juge pourrait convoquer Me Caleb Jean-Baptiste dans les jours à venir afin de recueillir sa version des faits et déterminer la recevabilité de la plainte.
Cette affaire, très commentée sur les réseaux sociaux, suscite un vif intérêt au sein de la classe politique et juridique, en raison de la notoriété des personnalités impliquées et de la gravité des accusations évoquées.
Un climat politique tendu
Cette plainte intervient dans un contexte politique marqué par les tensions entre les acteurs du pouvoir de transition et les partis d’opposition.
Moïse Jean-Charles, connu pour ses positions nationalistes et anti-impérialistes, demeure une figure controversée du paysage politique haïtien.
Depuis plusieurs années, il dénonce les ingérences étrangères et réclame une refondation souverainiste de l’État haïtien, tout en restant l’une des voix les plus critiques du Conseil Présidentiel de Transition.
Son implication dans une procédure judiciaire aussi médiatisée pourrait donc avoir des répercussions politiques importantes, tant pour son image personnelle que pour celle de son parti.
En attente de la suite judiciaire
En attendant les suites de l’enquête, Moïse Jean-Charles et Betty Lamy disent vouloir faire confiance à la justice haïtienne pour établir la vérité.
Le juge Benjamin Félismé devra déterminer si les éléments fournis justifient l’ouverture formelle d’une instruction pour diffamation, ou si le dossier relève plutôt d’un litige à caractère civil.
Dans un contexte où la liberté d’expression et la réputation publique se heurtent souvent dans le débat politique haïtien, cette affaire pourrait bien marquer un précédent symbolique sur les limites du discours public et la responsabilité de la parole.

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