Le monde littéraire est en deuil. Une autre légende s’éteint, après Frank Étienne, Anthony Phelps passe de la vie à trépas. Figure emblématique de la poésie haïtienne et québécoise, il s’est éteint dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 mars 2025 à Montréal, à l’âge de 96 ans. Poète, romancier et sculpteur, Phelps laisse derrière lui une œuvre riche et engagée qui a marqué des générations de lecteurs et d’artistes.
Né à Port-au-Prince en 1928, Anthony Phelps a grandi dans une Haïti en pleine effervescence culturelle. Dès les années 1960, il s’est imposé comme l’une des voix majeures de la littérature haïtienne, cofondant le mouvement littéraire Haïti Littéraire avec des auteurs comme René Philoctète et Jean-Claude Fignolé. Ce collectif a joué un rôle crucial dans la modernisation de la poésie haïtienne, mêlant engagement politique et exploration formelle.
Exilé au Canada en 1964 pour fuir le duvalierisme, Phelps s’est installé à Montréal, où il a continué à écrire et à créer. Son œuvre, traversée par les thèmes de l’exil, de la mémoire et de la résistance, a trouvé un écho profond dans la diaspora haïtienne et au-delà. Parmi ses recueils les plus célèbres, Moinillon des altères (1972) et Points cardinaux (2000) témoignent de son talent à capturer la beauté et la douleur de l’expérience humaine.
En plus de sa poésie, Anthony Phelps a également publié des romans, dont Mémoire en colin-maillard (1976), une œuvre poignante qui explore les blessures de l’exil et la quête identitaire. Son style, à la fois lyrique et incisif, a influencé de nombreux écrivains contemporains.
Artiste polyvalent, Phelps était également un sculpteur renommé. Ses œuvres, exposées au Canada et à l’étranger, reflètent la même sensibilité et la même force que ses écrits.
Anthony Phelps était bien plus qu’un poète : il était un passeur de mémoire, un défenseur de la liberté et un bâtisseur de ponts entre les cultures haïtienne et québécoise. Son décès laisse un vide immense, mais son héritage littéraire et artistique continuera d’inspirer les générations futures.
Les communautés littéraires haïtienne, canadienne et artistique rendent aujourd’hui hommage à un homme dont la vie et l’œuvre ont été guidées par une quête incessante de vérité et de beauté. Anthony Phelps restera à jamais une voix essentielle, un phare pour ceux qui croient en la puissance des mots et de l’art.
Jean Wesley Pierre
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