CARDH : L’inaction de l’État a entraîné 4 000 morts et la perte de 28 territoires au profit des gangs

Le 1er juin 2025, le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits Humains (CARDH) publie un rapport alarmant sur la situation sécuritaire dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Ce rapport fait écho à une date marquante : le 1er juin 2021, jour où des groupes armés ont pris le contrôle total de la route nationale numéro 2, au niveau de Martissant. Ils y ont installé des postes de péage illégaux et imposé leurs propres règles de circulation. Quatre ans plus tard, la situation reste inchangée, voire aggravée.

D’après les données recueillies par le CARDH, plus de 4 000 assassinats, dont 136 policiers, ont été enregistrés dans le pays depuis cette date. Ce chiffre ne prend pas en compte les exécutions extrajudiciaires, notamment les cas de justice populaire appelés « Bwa Kale », ni les individus abattus par le commissaire du gouvernement de Miragoâne, Jean Ernest Muscadin, dans les Nippes.

Haïti fait face à une insécurité croissante, marquée par la prolifération des gangs armés, responsables de milliers de morts et de destructions massives, notamment dans la région du Grand Sud.

Le directeur exécutif du CARDH, Me Gédéon Jean, attribue cette situation à une absence totale de stratégie de sécurité nationale. Selon lui, les autorités haïtiennes ont délibérément abandonné leurs responsabilités régaliennes, facilitant ainsi la montée en puissance des groupes criminels à Port-au-Prince et dans d’autres régions.

À ce lourd bilan s’ajoutent plus de 3 000 cas d’enlèvements. Le rapport identifie également 28 zones qualifiées de « territoires perdus », désormais entièrement sous le contrôle de gangs armés. Pour le CARDH, il s’agit d’un effondrement manifeste de l’autorité de l’État.

Face à l’arrivée de forces étrangères censées appuyer la lutte contre les gangs, le CARDH insiste sur la nécessité de respecter les droits humains et de mettre en place des mécanismes stricts de surveillance et de contrôle. L’organisation appelle à une collaboration étroite entre ces forces et les institutions haïtiennes de sécurité, dans l’objectif de rétablir l’ordre et de garantir des résultats concrets.

Lawouze Info