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Par la rédaction de Lawouze Infos

Pékin, 28 octobre 2025 — Le gouvernement chinois franchit une nouvelle étape dans la régulation du contenu en ligne. À partir de cette année, les créateurs de contenu souhaitant aborder des thématiques dites « spécialisées » comme la santé, l’économie, le droit, l’éducation ou la technologie devront désormais détenir un diplôme ou une certification reconnue par les autorités.

Cette mesure, adoptée en mars 2025 par l’Administration du cyberespace de Chine (CAC), impose également aux plateformes numériques de vérifier, authentifier et archiver ces informations à l’aide de systèmes d’intelligence artificielle. L’objectif officiel est de « renforcer la transparence, prévenir la désinformation et freiner la montée des faux experts » dans un environnement numérique de plus en plus saturé de contenus automatisés.

L’intelligence artificielle au cœur du dispositif

Selon la CAC, les grandes plateformes comme Douyin (TikTok en version chinoise), Weibo, Bilibili ou Xiaohongshu devront déployer des outils d’IA capables de détecter les contenus générés artificiellement, notamment les deepfakes, et d’identifier les créateurs qui diffusent des conseils techniques ou professionnels sans qualification appropriée.

Ces nouvelles règles s’inscrivent dans une série de réformes visant à encadrer l’usage de l’intelligence artificielle générative, que Pékin considère comme un levier de puissance, mais aussi un risque potentiel pour la stabilité sociale.

Une régulation présentée comme une mesure de « confiance publique »

Pour les autorités, cette réglementation est justifiée par la nécessité de « garantir une information fiable » dans des domaines où la désinformation pourrait avoir des conséquences graves, comme la médecine, la finance ou l’éducation.

Un communiqué de la CAC précise :

« Les utilisateurs doivent pouvoir identifier clairement si les informations qu’ils consultent proviennent d’experts qualifiés ou de systèmes automatisés. La confiance numérique repose sur la responsabilité des producteurs de contenu. »

Des critiques sur la liberté d’expression

Toutefois, certains observateurs y voient une extension du contrôle idéologique du Parti communiste chinois sur l’espace numérique. Des chercheurs et défenseurs de la liberté d’expression s’inquiètent que cette exigence de certification puisse servir à marginaliser les voix indépendantes, notamment celles des journalistes citoyens ou des blogueurs spécialisés non affiliés aux institutions d’État.

Un expert chinois en technologies de l’information, resté anonyme, confie à l’agence Reuters :

« Sous prétexte de lutte contre les “faux experts”, le gouvernement établit un filtre politique et administratif sur la parole en ligne. »

Vers une normalisation mondiale du contenu vérifié ?

Cette politique s’inscrit dans un contexte international où plusieurs gouvernements notamment en Europe et aux États-Unis cherchent eux aussi à réguler les contenus produits par l’IA. Cependant, la Chine se distingue par une approche centralisée et coercitive, plaçant la responsabilité légale sur les plateformes et les créateurs individuels.

Pour Pékin, cette nouvelle réglementation constitue un modèle de « gouvernance responsable de l’intelligence artificielle ». Pour ses détracteurs, elle illustre au contraire une volonté accrue de surveillance et de contrôle des discours dans l’espace numérique.


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