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Par la rédaction de Lawouze Infos

New York – Une photographie a enflammé les réseaux haïtiens : on y voit le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, posant avec son épouse aux côtés de l’ancien président américain Donald Trump et de la Première dame Melania Trump.

L’image, largement relayée, a semblé suggérer une percée diplomatique pour la délégation haïtienne présente à l’Assemblée générale des Nations unies. Mais derrière ce cliché mondain, la réalité diplomatique est toute autre.

Selon les informations recueillies, cette rencontre n’a pas eu lieu dans le cadre d’un rendez-vous officiel avec l’exécutif américain, mais au cours d’un dîner organisé à New York par Melania Trump pour les épouses de chefs d’État.

Autrement dit, le président du CPT n’a pas été invité à la Maison Blanche, ni même au traditionnel dîner des chefs d’État. « Malgré des démarches actives, y compris des sollicitations pour une réception privée ou une rencontre au Département d’État, toutes les portes sont restées closes », confie une source sous couvert d’anonymat.

Une mise à l’écart révélatrice

Pour les observateurs, ce refus américain n’est pas anodin. Washington, qui demeure un acteur clé dans la crise haïtienne, semble ainsi envoyer un message clair : le Conseil présidentiel de transition, mis en place dans un contexte de chaos sécuritaire et politique, n’a pas encore gagné la pleine reconnaissance des grandes puissances. « La diplomatie américaine est pragmatique : elle salue les efforts de stabilisation, mais elle n’accorde pas d’accolades symboliques tant que le processus n’est pas crédible », analyse un ancien diplomate haïtien basé à Washington.

Cette distance s’explique également par le caractère encore fragile de la transition en Haïti. Le CPT peine à asseoir son autorité face à l’insécurité chronique, aux rivalités internes et aux attentes d’élections libres. Pour les États-Unis, se montrer trop proches d’un organe contesté pourrait être interprété comme un appui prématuré.

Entre image et réalité

La photo avec les Trump, aussi anodine soit-elle dans le protocole onusien, a donc joué un rôle de trompe-l’œil. Elle offre au président Saint-Cyr une vitrine flatteuse, mais sans traduction concrète sur le plan diplomatique. À Port-au-Prince, certains y voient même un double échec : d’un côté, une tentative ratée de forcer la main à Washington ; de l’autre, un épisode qui souligne la fragilité de l’exécutif haïtien dans ses relations avec son principal partenaire international.

Une leçon pour la transition

Cette mise à l’écart devrait inciter le CPT à réévaluer sa stratégie extérieure. La priorité, selon plusieurs analystes, doit être de rétablir la confiance des partenaires internationaux par des actes tangibles réforme de la sécurité, avancées vers des élections crédibles, lutte contre la corruption plutôt que de chercher des photos symboliques. « Les sourires mondains ne suffiront pas à débloquer l’aide ou à renforcer la légitimité. Seules des réformes concrètes parleront », résume un expert en relations internationales.

En définitive, la rencontre fortuite de New York illustre l’écart entre l’image que veut projeter le pouvoir haïtien et la réalité d’une diplomatie américaine prudente. Le président Saint-Cyr a obtenu une photo, pas une reconnaissance. Dans le langage des relations internationales, la nuance est lourde de sens.

Catégories : OpinionPolitique

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