L’annonce tonitruante de Donald Trump, via son réseau social Truth Social, secoue brutalement les relations commerciales déjà fragiles entre les États-Unis et le Canada.
En réplique à la mise en place d’une taxe canadienne sur les services numériques visant les géants technologiques américains, l’actuel locataire de la Maison blanche a décidé de mettre immédiatement fin à toutes discussions commerciales avec le voisin du Nord.
Cette escalade verbale, teintée d’un nationalisme commercial à outrance, rappelle les tensions de son premier mandat. Pour Trump, cette taxe « scandaleuse » constitue une « attaque directe et flagrante » contre les États-Unis. Il évoque aussi, avec une virulence presque stratégique, les droits de douane « jusqu’à 400 % » imposés depuis des années par le Canada sur les produits laitiers américains.
Décryptage : entre surenchère politique et stratégie électorale
Le coup de tonnerre trumpien n’est pas qu’un caprice politique. Il faut le lire dans une double logique : internationale d’une part, électorale d’autre part.
D’un côté, cette sortie s’inscrit dans un retour en force de la doctrine “America First”, hostile à tout ce qui pourrait ressembler à une régulation étrangère touchant les entreprises américaines, surtout celles issues de la Silicon Valley, aujourd’hui cœur névralgique de l’économie numérique.
D’un autre côté, la rhétorique guerrière de Trump contre le Canada joue un rôle clé dans sa stratégie électorale, visant à renforcer sa base protectionniste et populiste, notamment dans les États agricoles du Midwest, très sensibles à la question des exportations laitières.
Les fantômes de l’ère Trump 2016–2020
Ce nouvel épisode rappelle étrangement la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre la Chine en 2018. À l’époque, l’instauration de tarifs douaniers avait provoqué un choc économique mondial, affecté les chaînes d’approvisionnement, et fragmenté davantage l’ordre commercial international.
Dans une analogie presque parfaite, le Canada endosse ici le rôle que la Chine jouait hier : celui du partenaire économique accusé d’exploiter les largesses américaines.
Mais à la différence de la Chine, le Canada est un allié historique, un membre du G7, et l’un des piliers du marché nord-américain via l’accord AEUMC (Accord États-Unis–Mexique–Canada).
En rompant brutalement ce dialogue, Trump fragilise non seulement les échanges bilatéraux, mais aussi la stabilité même de l’accord de libre-échange nord-américain, qu’il avait pourtant renégocié en 2020 à sa manière.
Les conséquences possibles : entre turbulence économique et isolement stratégique
Si cette menace devait se concrétiser notamment avec l’imposition d’un tarif punitif dans les sept jours annoncés, les conséquences pourraient être lourdes :
Pour les États-Unis : un risque de hausse des prix à la consommation, notamment sur certains biens importés du Canada (bois, énergie, produits alimentaires), et une nouvelle rupture des chaînes logistiques.
Pour le Canada : un affaiblissement des revenus issus des services numériques, mais aussi une possible réorientation vers d’autres partenaires (UE, Asie).
Pour les grandes entreprises technologiques américaines : Google, Amazon, Meta et consorts risquent de voir se multiplier des taxes similaires en dehors du territoire national, dans une vague de régulation post-GAFA déjà amorcée en Europe.
Une décision symbolique, mais politiquement calculée
La décision de Donald Trump, aussi spectaculaire qu’elle soit, est avant tout politique et stratégique, plus qu’économique. Elle confirme une tendance lourde de sa vision du monde : la remise en cause systématique du multilatéralisme, du libre-échange, et de toute forme de régulation étrangère.
Mais dans un monde où les économies sont interconnectées et où les enjeux numériques dépassent les frontières, cette posture de confrontation pourrait, à long terme, affaiblir l’influence même des États-Unis, en poussant leurs alliés naturels à chercher d’autres équilibres.
L’histoire retiendra peut-être que ce n’est pas la Chine, ni l’Union européenne, mais le Canada, ami et partenaire, qui a reçu l’un des plus brutaux avertissements économiques de Donald Trump.
À suivre… dans les 7 prochains jours.
Lawouze Info
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