Port-au-Prince, 2 octobre 2025 — Le mandat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, a officiellement pris fin jeudi 1er octobre 2025. Déployée depuis quinze mois en Haïti avec pour objectif d’appuyer la Police nationale dans la lutte contre les gangs armés, la mission laisse derrière elle un bilan jugé très mitigé.
Sur les 2 500 policiers internationaux initialement prévus, à peine un millier ont effectivement foulé le sol haïtien, en grande majorité kényans. Cette présence réduite n’a pas permis de contenir la montée en puissance des groupes armés. Au contraire, un an après leur arrivée, les gangs contrôlent toujours d’importantes portions du territoire, renforcent leur emprise et se montrent de plus en plus menaçants.
Une mission inachevée
Selon plusieurs observateurs, les limites de la MMAS s’expliquent par son effectif insuffisant, le manque de coordination avec les forces locales et l’absence de ressources logistiques adaptées. Malgré des patrouilles ponctuelles et quelques opérations conjointes avec la Police nationale d’Haïti (PNH), aucun progrès significatif n’a été enregistré dans la reprise des zones stratégiques sous l’emprise des gangs.
Pendant ce temps, la crise humanitaire s’est aggravée. Plus d’1,5 million de personnes ont été déplacées de force, notamment par le regroupement criminel « Viv Ansanm », et 7,7 millions de personnes soit 57 % de la population font désormais face à une insécurité alimentaire aiguë, selon les dernières estimations.
Une nouvelle mission votée par l’ONU
À la veille de la fin du mandat de la MMAS, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l’initiative des États-Unis et du Panama, une résolution transformant l’actuelle mission en une « Force de Suppression des Gangs ».
Cette nouvelle mission, qui devrait disposer d’un mandat plus robuste et offensif, vise à aller au-delà du simple appui sécuritaire en engageant des opérations directes contre les groupes armés. Toutefois, son déploiement effectif pourrait prendre au moins six mois, selon les experts, en raison des délais logistiques et diplomatiques liés à la mobilisation des contingents.
Une attente lourde de conséquences
En attendant, la population reste livrée à elle-même dans un contexte marqué par la violence des gangs, l’effondrement des services publics et une crise humanitaire sans précédent. Plusieurs organisations de défense des droits humains et institutions locales appellent à des mesures d’urgence pour éviter un vide sécuritaire prolongé qui pourrait aggraver davantage la situation.
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