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Par Jean Wesley Pierre

La mort tragique de l’influenceur Wanderson Zamy, abattu devant les locaux du MENFP le 20 août 2025, n’est pas seulement un drame individuel. Elle est le miroir d’une société qui s’enfonce dans une spirale de violence, où les jeunes paient le prix le plus lourd.

Ce n’était pas un militant politique, ni un criminel. C’était un créateur de contenus, un visage de la légèreté dans un pays miné par la peur. Sa mort, comme celle de Grégory Saint-Hilaire en 2020, de Jean Félix Remonica en 2022, de Jean Louis Samuel en 2023 ou encore de Lebelt Massenat en 2025, illustre une même réalité : la balle perdue est devenue une sentence capitale pour la jeunesse haïtienne.

Les autorités, fidèles à leur rituel, ont sorti leurs plumes et leurs communiqués. Le MENFP annonce avoir suspendu 15 agents et remis leurs armes à la justice. La Primature condamne avec « la plus extrême fermeté » et promet que « la lumière sera faite ». Mais combien de fois avons-nous déjà entendu ces formules creuses ? La liste des morts continue de s’allonger, pendant que les institutions persistent à se cacher derrière des promesses de fermeté sans lendemain.

L’analyste attentif ne peut que constater un double décalage. D’un côté, une jeunesse qui manifeste sa colère, qui réclame sécurité et dignité. De l’autre, un État qui répond par des mots désincarnés, incapables de se traduire en actions concrètes. Le paradoxe est criant : on condamne « la barbarie », mais on ne met en place aucun mécanisme durable pour protéger les citoyens. On promet la « paix », mais des familles continuent de fuir Kenscoff et de s’entasser dans des camps précaires.

Le drame de Wanderson Zamy ne peut pas être lu isolément. Il s’inscrit dans une crise systémique, où l’insécurité s’entremêle à la faillite de l’État. Une jeunesse en chômage massif, enfermée dans des quartiers contrôlés par des gangs, exposée à des balles perdues aussi bien qu’à la répression d’agents de l’ordre, n’a devant elle que des horizons bouchés.

Cette mort a provoqué une réaction collective, une marche, une indignation. Mais elle interroge surtout : que restera-t-il demain ? Un autre communiqué officiel, un autre nom sur une liste funèbre, un autre jeune enterré trop tôt ?

Le temps des mots est fini. La jeunesse haïtienne, déjà fragilisée par l’exil, la pauvreté et la peur, exige des actes. Tant que la vie de ses enfants pourra être fauchée dans une salle de classe, devant un ministère ou au détour d’une rue, aucun discours politique ne pourra restaurer la confiance.

Wanderson Zamy restera dans la mémoire de ceux qui riaient à ses vidéos. Mais il restera surtout comme un symbole : celui d’une génération qui refuse d’être condamnée au silence et à la peur.

Crédit Photo : Ticket


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