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Port-au-Prince, 31 mars 2025 – Alors que la crise sécuritaire en Haïti atteint des niveaux sans précédent, la question du trafic d’armes et de munitions apparaît comme un élément clé de la violence qui paralyse le pays. Comme l’a souligné l’économiste Etzer Émile lors de son émission de ce dimanche 30 mars 2025, la lutte contre l’insécurité ne se limite pas aux opérations policières, mais passe aussi par un contrôle strict des frontières pour empêcher l’entrée d’armes illégales.

Selon des données des Nations Unies, près de 80 % des armes saisies en Haïti proviennent des États-Unis, achetées légalement avant d’être détournées vers le marché noir. La Floride, en raison de sa proximité géographique et de ses lois permissives sur les armes, est un point de départ majeur pour ce trafic vers Haiti. Cependant, la Colombie joue également un rôle, avec des cartels de drogue et des responsables corrompus qui alimentent les gangs haïtiens en échange de la sécurisation de leurs réseaux de narcotrafic.

Les ports, aéroports et la frontière avec la République dominicaine (392 km, avec seulement quatre points de contrôle officiels) sont des points névralgiques. Pourtant, trois de ces postes frontaliers (Malpasse, Belladère et Anse-à-Pitre) sont sous le contrôle de gangs armés, rendant toute surveillance inefficace.

Le business des armes est juteux : une arme achetée 400 $ aux États-Unis peut être revendue jusqu’à 5 000 $ en Haïti. Cette économie parallèle s’étend aussi au trafic de drogue, d’organes, d’êtres humains et au blanchiment d’argent. Depuis les années 1980, Haïti est une plaque tournante du transit de cocaïne vers les États-Unis, avec la complicité d’anciens politiciens, de haut-gradés de l’armée et de membres du secteur privé.

Aujourd’hui, les gangs, devenus autonomes, financent leurs activités via le kidnapping, l’extorsion et le narcotrafic. La diaspora haïtienne est aussi impliquée, certains expatriats achetant des armes aux États-Unis pour les revendre à des groupes criminels en Haïti.

L’Association Générale des Douanes (AGD), sous l’autorité du ministère des Finances, manque cruellement de moyens.

Avec seulement environ 200 garde-côtes pour surveiller 1 700 km de côtes et une corruption endémique, le pays est incapable de freiner ce flux. Des douaniers, des policiers et même des parlementaires et des membres du gouvernement sont accusés de complicité, bénéficiant souvent de promotions plutôt que de sanctions.

Pour Etzer Émile, une collaboration internationale est indispensable. Les États-Unis et la République dominicaine doivent renforcer leur coopération avec Haïti pour traquer les réseaux. Localement, il faut :
– Moderniser les équipements de détection (scanners, drones).
– Recruter du personnel qualifié sur la base du mérite.
– Sanctionner sévèrement les responsables impliqués dans le trafic.
– Contrôler les aéroports privés, souvent utilisés pour le transit d’armes.

Sans une action radicale, les gangs continueront de prospérer. Comme le conclut Etzer Émile : « Si les armes ne rentrent plus, les bandits perdront leur pouvoir. »

Jean Wesley Pierre

Catégories : Société

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