Le 11 novembre 2024, Alix Didier Fils-Aimé succédait à Garry Conille, limogé par le Conseil présidentiel de transition. Tout juste revenu des États-Unis, il prêtait serment comme Premier ministre. Quatre jours plus tard, son gouvernement était constitué. Son engagement initial : mener une guerre sans merci contre les gangs armés.
Un an après, la promesse paraît sans effet.
Les groupes criminels continuent d’imposer leur loi : pillages, assassinats, viols et incendies rythment la vie de milliers d’Haïtiens livrés à eux-mêmes. La Police nationale, censée contenir cette vague de violence, reste affaiblie et paie un lourd tribut. Les images insoutenables des agents du BOID abattus, leurs dépouilles profanées puis brûlées, sont devenues le symbole de cette incapacité à rétablir l’ordre.
La population, comme les partenaires étrangers, s’impatiente désormais face à l’absence de résultats concrets.
Des ministres fragilisés
Si le gouvernement conserve une cohésion apparente, plusieurs ministres font l’objet de vives critiques :
Patrick Pélissier, ministre de la Justice et de la Sécurité publique, est jugé incapable de briser l’emprise des gangs. L’arrestation puis la libération de l’ancien parlementaire Nenel Cassy, accusé de corruption et de complicités avec des bandes armées, a entaché la crédibilité de son ministère.
Paul Antoine Bien-Aimé, ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, est reproché pour son silence et son incapacité à rétablir l’autorité de l’État dans les zones provinciales.
Antoine Augustin, ministre de l’Éducation nationale, est vivement critiqué par les enseignants et la jeunesse. La mort du jeune influenceur Wanderson Zamy, tué par balle lors d’une manifestation d’enseignants devant son ministère, a aggravé le discrédit qui pèse sur lui.
Le dilemme du remaniement
Dans ce contexte, de nombreux observateurs estiment qu’un remaniement ministériel pourrait redonner un souffle politique au gouvernement et envoyer un signal fort aux bailleurs comme à la population.
Mais le danger est réel : celui d’un simple changement de façade, sans amélioration tangible pour la vie des citoyens. Car au-delà des portefeuilles, le véritable enjeu reste la capacité de l’État à rétablir la sécurité, relancer l’économie et regagner la confiance citoyenne.
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé joue une partie décisive. Entre pressions internes, attentes de la population et exigences internationales, il lui faut désormais démontrer que son gouvernement n’est pas condamné à l’impuissance. Le temps des discours est passé : l’heure est aux résultats.
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