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Par Jean Wesley Pierre

Le 10 août 2025, à Puerto Plata, République dominicaine, l’ancienne mairesse de l’Arcahaie et patronne de Radio Télé Monopole, Rosemila Petit-Frère Saint-Vil, a été interpellée avec près d’un million de dollars américains sur elle. Pas quelques liasses, pas même une somme issue d’un transfert officiel, mais l’équivalent de plusieurs années de budget de certaines communes haïtiennes… transporté sans aucune justification crédible. Les autorités d’immigration dominicaines, visiblement mieux outillées que celles de notre propre frontière, l’ont interrogée durant plus de trois heures avant de la transférer à Santo Domingo pour la suite de l’enquête. Voilà une fois de plus un symbole : pendant que notre peuple s’enfonce dans la misère, nos élites politiques et économiques voyagent avec des valises de cash, comme si l’argent poussait dans les arbres du mensonge et de la corruption.
Mais pendant que cette affaire soulève des interrogations sur les circuits financiers parallèles qui nourrissent la bourgeoisie politique haïtienne, une autre scène se jouait sur notre territoire : celle de la légitimation internationale du nouveau Directeur Général de la Police nationale d’Haïti, André Jonas Vladimir Paraison. Depuis sa nomination, des rumeurs circulaient sur un prétendu désaveu américain. Or, ce lundi, le Bureau International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL) du département d’État des États-Unis, par l’intermédiaire de l’ambassade américaine, s’est déplacé en personne au siège de la PNH à Clercine. Rencontre cordiale, photos officielles, communiqué lissé… Le message est clair : Washington, qui ne valide jamais sans calcul, a choisi de marquer son territoire, comme toujours. Mais que faut-il comprendre ? Qu’il s’agit d’un soutien sincère au redressement de la PNH ou d’une énième mainmise diplomatique pour modeler, depuis l’étranger, le commandement de notre force publique ?
Et pendant que l’argent douteux circule et que les grandes puissances peaufinent leurs alliances locales, le sang haïtien continue de couler. Ce même lundi, dans la commune de Liancourt, Artibonite, l’agent Bathalien Guy Rurley, issu de la 34e promotion et membre de l’UTAG, a été mortellement touché au cou lors d’affrontements avec le gang « Gran Grif ». Transporté d’urgence à l’hôpital, il n’a pas survécu. La scène se répète : le mois dernier, trois autres policiers avaient été exécutés dans cette même zone, leurs corps profanés par les bandits. Liancourt est devenu le théâtre d’une guerre asymétrique, où les criminels dictent la loi et où l’État n’existe que dans les communiqués officiels.
Trois histoires, trois visages du désastre haïtien.

L’argent sale qui circule librement, comme une insulte à la majorité qui survit avec moins de deux dollars par jour.

La police nationale, coincée entre les calculs géopolitiques et la nécessité de prouver qu’elle peut reprendre le contrôle du territoire.

Les gangs, qui continuent de décimer nos forces de l’ordre, rendant chaque patrouille mortelle et chaque zone rouge encore plus infranchissable.

Ce pays n’est pas en crise : il est en démantèlement contrôlé. Les élites économiques, politiques et diplomatiques jouent leur partition, pendant que le peuple, lui, enterre ses fils et ses filles. Si nous ne reprenons pas la main sur nos institutions, nos richesses et notre sécurité, nous resterons des spectateurs impuissants d’un drame dont nous sommes pourtant les victimes principales.
Le moment n’est plus aux slogans, mais à la reconquête. Une reconquête de notre dignité, de nos terres, et de la vérité sur ceux qui, en coulisses, organisent le pillage et la désintégration de notre nation noire, née dans le sang et la résistance en 1804.

Catégories : Politique

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