Ce samedi 14 juin 2025, la disparition de Wilner Métellus, figure emblématique de la communauté haïtienne au Mexique, dépasse le simple cadre du deuil. Elle symbolise l’érosion d’une génération de jeunes militants, animés par un engagement profond, guidés par des valeurs fortes et porteurs d’espoir pour l’avenir d’Haïti.
Originaire des Gonaïves, Wilner fut bien plus qu’un étudiant dans les années 1990 : il s’imposa comme un leader à une époque charnière, où le pays oscillait entre espoirs démocratiques et dérives autoritaires. Face à la répression violente exercée par les militaires et politiciens après la chute de Jean-Claude Duvalier, il devint une voix lucide et courageuse, dénonçant sans relâche manipulations, répressions et trahisons.
Contraint à l’exil après le coup d’État de 1991 ayant renversé le président Jean-Bertrand Aristide, Wilner poursuit son combat depuis Tecámac, au Mexique. Malgré la distance, il ne cessa jamais de défendre la justice et les plus vulnérables.
Agronome de formation et sociologue rural de profession, il aurait pu mener une vie paisible. Mais il choisit la lutte, la rue et les causes oubliées. Il devint la voix des sans-voix, un défenseur infatigable des migrants haïtiens, souvent relégués aux marges, victimes d’exclusion, de racisme et de l’errance migratoire.
Aujourd’hui, son décès constitue une perte immense et met en lumière une vérité douloureuse : Haïti manque cruellement de jeunes leaders comme Wilner. Écrasée par la pauvreté, la peur et la désillusion, la jeunesse peine à faire émerger une relève militante. Que son nom perdure, que son combat continue d’inspirer, et que son départ rappelle à tous ce que le pays a perdu : une génération qui croyait encore que l’avenir d’Haïti valait la peine d’être défendu.
Lawouze Info
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