Le pouvoir intérimaire haïtien multiplie les démarches pour écarter Hans L. Joseph, directeur général de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), alors que l’institution vient de publier une série de rapports mettant en cause plusieurs hauts responsables de l’État, selon des informations recueillies par la rédaction ce lundi 29 septembre 2025.
D’après des sources judiciaires, un juge à la cour d’appel de Port-au-Prince a été approché pour succéder à M. Joseph mais a décliné l’offre. Deux autres hommes de loi auraient quant à eux accepté de poser leur candidature. Ces tractations interviennent dans un contexte particulièrement sensible : la semaine dernière, l’ULCC a rendu publics sept rapports d’enquête dans lesquels une ministre et deux directeurs généraux en fonction sont indexés pour des faits de corruption.
Parmi les personnes citées figurent également trois conseillers-présidents, déjà pointés dans le scandale de corruption de la Banque nationale de crédit (BNC). Malgré ces révélations, ces responsables demeurent en poste. Plusieurs observateurs y voient une tentative du pouvoir de neutraliser l’ULCC, jugée trop indépendante après la multiplication de ses enquêtes.
Cette situation soulève de vives inquiétudes quant au respect des principes de bonne gouvernance. Selon l’éditorialiste Jean Corvington, le pouvoir intérimaire « semble à l’aise avec des responsables au passé controversé », citant notamment la récente nomination d’un directeur général des Douanes inculpé par le juge Noé Pierre Massillon pour des accusations graves, allant du trafic illégal d’armes et de munitions au blanchiment d’argent et à la fraude fiscale.
Pour l’heure, ni la Primature ni l’ULCC n’ont officiellement commenté ces informations. Mais les tensions entre le pouvoir exécutif et l’institution anticorruption rappellent la difficulté, en Haïti, de mener des enquêtes sensibles sans ingérence politique.
Par la rédaction
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