Par la rédaction de Lawouze Infos
Port-au-Prince, le 11 décembre 2025 — Pour la première fois dans l’histoire politique du pays, un pouvoir en place compte un nombre aussi élevé de ses membres directement indexés ou inculpés dans des affaires de corruption. Après les trois conseillers présidentiels, de nouvelles figures gouvernementales se retrouvent désormais dans le viseur de la justice et des organismes de contrôle, sans qu’aucune mesure concrète n’ait été prise à leur encontre.
La liste des personnalités publiques mises en cause s’allonge de manière significative. Récemment, l’actuelle ministre des Sports, le directeur général de l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) et celui de l’Administration Générale des Douanes ont été formellement inculpés ou cités dans des dossiers de corruption. Ces nouvelles affaires surviennent alors que trois conseillers présidentiels – Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gerald Gilles – font déjà l’objet de poursuites judiciaires pour des faits similaires.
Face à ces accusations, la stratégie de défense semble suivre un schéma récurrent. Dans le cas de la ministre des Sports, son parti politique a immédiatement invoqué le principe de la présomption d’innocence, un argument déjà utilisé pour défendre les trois conseillers présidentiels mis en cause. Cette posture juridique, bien que légale, soulève des questions sur la gestion politique et éthique des accusations pesant sur des membres du gouvernement.
Cette concentration inédite d’affaires de corruption au sein d’un même pouvoir interroge sur les mécanismes de contrôle et de responsabilisation des hauts fonctionnaires. L’absence de mesures disciplinaires ou de suspensions préventives, malgré la gravité des charges, alimente les critiques sur une éventuelle impunité structurelle.
Les observateurs notent que cette situation crée un précédent inquiétant dans la vie publique nationale, où pour la première fois autant de membres d’une même administration se retrouvent simultanément confrontés à des accusations de corruption. Le traitement judiciaire de ces dossiers et les réactions institutionnelles qui suivront seront particulièrement scrutés, car ils pourraient définir un nouveau standard en matière de reddition des comptes pour la classe politique.
Cette accumulation de cas place le pouvoir devant un défi sans précédent : démontrer sa capacité à faire respecter l’éthique publique tout en garantissant les droits de la défense, dans un contexte où la confiance citoyenne envers les institutions risque d’être sérieusement ébranlée par cette série de révélations.

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