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Du 16 au 18 mars 2025, le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), son excellence Fritz Alphonse Jean, a effectué une tournée dans les départements du Nord et du Nord-Est d’Haïti. Lors de cette mission, il a rencontré des hommes d’affaires, des gens de la diaspora, des membres de la Chambre de Commerce du Nord et des acteurs économiques locaux. Au programme : discussions sur le réaménagement de l’aéroport international du Cap-Haïtien, la création d’une zone franche à Ouanaminthe et la relance du Parc Industriel de Caracol (PIC). Si ces annonces ont été présentées comme des solutions miracles pour relancer l’économie régionale, elles ne peuvent masquer l’inaction et les échecs répétés du gouvernement face à une crise socio-économique, politique et sécuritaire qui s’aggrave de jour en jour.

Alors que Fritz Alphonse Jean évoque des projets ambitieux, la réalité sur le terrain est bien plus sombre. Le réaménagement de l’aéroport international du Cap-Haïtien, présenté comme une priorité, ne peut à lui seul résoudre les problèmes structurels du pays. Certes, des professionnels de la diaspora ont sécurisé des financements, mais dans un État où la corruption et la mauvaise gestion sont endémiques, qui peut croire que ces fonds seront utilisés à bon escient ? Rappelons que des projets similaires, dans le passé, ont souvent été abandonnés ou détournés au profit d’une minorité, laissant la population dans le désarroi.

La création d’une zone franche à Ouanaminthe est une autre annonce qui suscite plus de scepticisme que d’enthousiasme. Alors que le gouvernement parle de stimuler l’emploi et l’industrialisation, force est de constater que les zones franches existantes, comme le Parc Industriel de Caracol, sont en pleine déconfiture. Le Parc Industriel Caracol ( PIC ), autrefois présenté comme un fleuron économique, a vu ses effectifs chuter de 12 500 à 3 500 employés en quelques mois. Une hémorragie qui illustre l’incapacité du gouvernement à gérer les infrastructures existantes, sans parler d’en créer de nouvelles.

Le cas du Parc Industriel de Caracol est particulièrement révélateur. Alors que son excellence Fritz Alphonse Jean annonce un plan d’urgence pour relancer l’activité, on peut légitimement se demander pourquoi aucune mesure n’a été prise plus tôt. La situation critique du Parc Industriel Caracol n’est pas nouvelle, et son déclin est le résultat d’années de négligence et de mauvaise gestion.

Les travailleurs, abandonnés à leur sort, sont les premières victimes de cette incurie. Comment croire que le gouvernement, qui n’a pas su prévenir cette crise, sera capable de la résoudre ?

Sur le front de l’énergie, le gouvernement met en avant la construction de deux centrales solaires d’une capacité totale de 12 mégawatts. Si cet effort est louable, il reste insuffisant face à l’ampleur des besoins.

Les coupures d’électricité sont quotidiennes, et des millions d’Haïtiens vivent encore sans accès à l’énergie.

Quant à l’éducation, les défis sont tout aussi criants. Le manque d’enseignants et de manuels scolaires est une problématique ancienne, mais les solutions concrètes se font toujours attendre. Les rencontres avec les leaders communautaires, aussi nécessaires soient-elles, ne remplaceront pas une politique éducative ambitieuse et bien financée.

Cette tournée dans le Nord et le Nord-Est, bien qu’utile pour identifier les défis, ne peut masquer l’immense fossé qui sépare les promesses gouvernementales de la réalité vécue par les Haïtiens.

Dans un pays où l’insécurité, la corruption et la pauvreté atteignent des niveaux records, les annonces de son excellence Fritz Alphonse Jean ressemblent davantage à une opération de communication qu’à un véritable plan de relance.

Alors que la population lutte pour sa survie au quotidien, le gouvernement semble se contenter de discours et de projets pharaoniques qui tardent à se concrétiser. Sans une réelle volonté politique, sans une gestion transparente et efficace, ces initiatives risquent de rejoindre la longue liste des promesses non tenues qui ont marqué l’histoire récente d’Haïti.

La mission du président du conseil présidentiel de transition, son excellence Fritz Alphonse Jean dans le Nord et le Nord-Est a certes permis de mettre en lumière les défis économiques et sociaux de la région. Cependant, elle a aussi révélé l’incapacité du gouvernement à apporter des réponses à la hauteur des enjeux.

Dans un contexte de crise multidimensionnelle, les Haïtiens ne peuvent plus se contenter de belles paroles. Ils ont besoin d’actions concrètes, rapides et efficaces. Malheureusement, rien ne permet de croire que cette tournée marquera un tournant décisif pour le pays.

Jean Wesley Pierre

Catégories : Atualités

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