Par Jean Wesley Pierre
Le rappeur haïtien Wendy Traka signe son retour en grande pompe ce 21 mai 2025 avec « Picasso », premier extrait de son très attendu album « 3 », prévu pour le 27 mai 2025. Une renaissance proclamée avec force et conviction, marquant un nouveau chapitre dans la carrière de celui que ses fans surnomment affectueusement le KING.
Rarement un artiste urbain haïtien aura su orchestrer sa présence médiatique avec autant de précision et d’efficacité. Wendy ne sort pas de l’ombre : il en jaillit, à chaque fois, avec une mise en scène qui frôle le spectaculaire. Dans le morceau « Picasso », dévoilé ce 21 mai, il plante le décor : « Eskize’m, m’pa t’ap tounen, se chinwa yo ki fòse mwen », lâche-t-il avec désinvolture. Une manière directe de rappeler que son retour n’est pas un calcul personnel, mais une réponse à une attente collective. Les « Chinwa », surnom donné à ses fans, sont au cœur de sa mécanique : nombreux, fidèles, et omniprésents sur les réseaux sociaux.
Chaque apparition publique du rappeur déclenche un raz-de-marée numérique. Les commentaires pleuvent, les partages explosent, les stories s’enchaînent : Wendy ne communique pas, il mobilise. Il a compris que l’algorithme n’est rien sans une communauté active, et il a fait de cette communauté une armée numérique.
Dans le clip de « Picasso », Wendy joue sur l’analogie artistique avec une finesse calculée. Il se compare au peintre espagnol, non pour imiter, mais pour revendiquer son propre génie créatif. Il s’affiche en personnage incontournable, non seulement dans la scène rap haïtienne, mais aussi dans la psyché de ses rivaux :
« Mwen gen plizyè vi, m’ap viv an Frans, m’ap viv nan panse’w ».
Wendy ne vit pas seulement pour lui, il habite ses adversaires, ses fans, ses critiques. Il est omniprésent, multiforme, insaisissable. Le clip se termine en apothéose sur une vente aux enchères symbolique, soulignant la valeur inestimable de son œuvre et de sa marque.
Composé de neuf titres, l’album « 3 » s’annonce dense, introspectif et varié. Aux côtés de « Picasso », on retrouvera :
1. A méditer
2. GOATESQUE
3. Sans condition (ft Stan)
4. Comme d’habitude
5. Tout va bien
6. OKAY
7. twò ta
8. Ap gen lòt dat
Chaque titre semble porter une intention propre, entre introspection (comme dans « A méditer »), affirmation de soi (« GOATESQUE »), ou ouverture sentimentale avec « Sans condition », en collaboration avec Stan. Le style de Wendy oscille entre la punchline incisive et la confidence assumée, à l’image d’une génération qui refuse les étiquettes.
Wendy ne s’adresse pas qu’à ses fans. Il incarne un phénomène générationnel. Dans une Haïti marquée par l’instabilité et la quête de repères, sa voix devient un exutoire pour une jeunesse souvent ignorée. Sa force : parler le langage des jeunes, tout en leur offrant un miroir.
Il n’est pas simplement adulé, il est cru, écouté, et commenté. En se réinventant à chaque projet, tout en gardant un lien organique avec son public, Wendy Traka s’impose comme bien plus qu’un artiste : un phénomène culturel.
Le 27 mai 2025, « 3 » sortira officiellement. Mais l’histoire, elle, est déjà en marche.
Le KING est de retour. Les Chinwa veillent. Et le rap haïtien retient son souffle.
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