Par Jean Wesley Pierre
Alors que la bande de Gaza s’enfonce chaque jour un peu plus dans une crise humanitaire d’une ampleur inédite, les grandes puissances jouent la diplomatie en coulisses. Tandis que les bombes continuent de pleuvoir sur l’enclave palestinienne, les discussions les plus cruciales se déroulent loin des regards, dans les salons feutrés de Doha, Riyad et Washington.
Les civils de Gaza : victimes d’un double siège
Les frappes israéliennes ne cessent pas. Depuis plusieurs semaines, Gaza subit un pilonnage quasi quotidien, aggravé par un blocus étouffant qui dure maintenant depuis plus de deux mois. Amjad Shawa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes, a décrit la situation à Al Jazeera avec une détresse palpable : « Tous les Gazaouis meurent de faim. Rien n’est entré depuis dix semaines, pas de fournitures, pas d’aides. Les hôpitaux sont saturés, sans médicaments, sans matériel. »
Ce n’est plus seulement une guerre militaire : c’est une guerre contre la vie elle-même.
« Gaza n’est pas une note de bas de page » : la géopolitique cynique dénoncée
Omar Rahman, analyste au Middle East Council on Global Affairs, évoque la dissonance entre les enjeux humanitaires et les priorités diplomatiques. Pour lui, Gaza est bien au cœur des discussions bilatérales en cours dans le Golfe, mais « à huis clos ». « Je suis sûr que c’est ce qui est discuté en ce moment, bien plus que l’achat d’avions Boeing ou quoi que ce soit de ce genre », a-t-il déclaré à Al Jazeera.
L’absence de déclarations publiques fermes sur Gaza, malgré l’ampleur de la catastrophe, reflète une inquiétante hiérarchie des priorités. Annonces sur la Syrie, accords commerciaux, stratégies régionales… Gaza reste un point sensible, que les puissances préfèrent traiter en silence, plutôt que d’assumer leur inaction.
Un spécialiste en sécurité alerte : “Le blocus est une stratégie de guerre”
Pour Dr Khaled Mansour, ancien responsable de la sécurité humanitaire à l’ONU, ce blocus n’a rien d’un effet secondaire du conflit. « Il s’agit d’une stratégie de guerre assumée : couper l’accès aux ressources vitales pour briser la population civile. Cela viole les principes fondamentaux du droit humanitaire international. » Il appelle à une pression immédiate sur Israël, mais aussi sur ses alliés, qui, par leur soutien tacite, deviennent co-responsables.
Où sont les voix des droits humains ?
Lina Hossam, juriste en droit international, ne mâche pas ses mots : « C’est une punition collective, une forme de nettoyage par la privation. » Elle souligne l’impunité totale dont bénéficie Israël sur la scène internationale, alimentée par le silence ou les positions ambiguës de nombreux États, y compris arabes. « Quand des dirigeants préfèrent négocier des contrats d’armement plutôt que sauver des vies, ce n’est plus de la diplomatie, c’est de la complicité. »
Des dirigeants absents, des peuples oubliés
Le silence coupable de plusieurs chefs d’État et diplomates face à la crise de Gaza est un scandale moral. Trop préoccupés par les équilibres régionaux, les intérêts économiques et les alliances militaires, ils tournent le dos à une population qui crie famine, enfermée dans un territoire transformé en piège mortel.
La visite de Trump dans la région, loin d’apporter un élan diplomatique positif, semble surtout avoir renforcé le caractère opaque des discussions. Aucune annonce majeure n’a émergé sur Gaza, sinon des spéculations de coulisses.
Un retour à la normale ? Une exigence de survie
Ce que demande le peuple de Gaza n’est pas un privilège, mais un droit : vivre. Avoir accès à l’eau, à la nourriture, aux soins. Être protégé des bombes. Être libre.
L’histoire jugera sévèrement ceux qui, par leur silence ou leur inaction, auront laissé une population entière mourir lentement. Le monde doit exiger immédiatement :
◇ L’arrêt des frappes aériennes,
◇ La levée du blocus humanitaire,
◇ L’ouverture d’un corridor international sécurisé,
◇ Et la mise en place d’une commission d’enquête indépendante.
Car derrière chaque chiffre, chaque rapport, il y a des vies humaines. Et leur retour à la normalité doit être une priorité absolue.
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